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Sa voix est grave, posée. Assis, ses lunettes de soleil en main, il regarde tout autour de lui comme s’il inspectait les lieux, à la recherche du moindre détail. Le silence ponctue ses réponses. Ça n’est pas un problème pour ce « timide maladif » qui « devient fou, méconnaissable sur scène » avoue-t-il.


À 30 ans, Jack Simard est un enfant des Vosges. Né à Épinal, intermittent depuis six années, il se définit lui-même : « Je ne suis pas chanteur et je ne suis pas écrivain.» Sur les scènes de la France entière pourtant, il dévoile ses textes, armé de sa guitare, accompagné de musiciens. « Je fais du cinoche, je joue un personnage. C’est à peu près le seul endroit où je suis bien ».


Pas chanteur, ni écrivain 


À son actif, plus de 300 concerts et pas moins de 5 albums. Il a joué à Paris, Lille, Strasbourg ou Avignon, pourtant son pied-à-terre est ici. « Je suis une plante à terre pas en pot », ironise-t-il.


La dérision, il la manie aussi bien en interview que dans ses textes. « Vivants », indique-t-il, en réponse « à ceux qui (le) disent plutôt pessimiste ». Même si les personnages de ses chansons sont souvent tourmentés et son humour parfois noir.


Dans son nouvel album, les sons seront plus jazzy, l’orchestration totalement différente. Lui qui trouve «infernal» le fait de se réécouter trouve l’opus «supportable»«C’est bien plus abstrait, plus riche musicalement. Je fais ce que j’ai envie de faire.» Les textes sont plus profonds qu’au début de sa carrière, «avant j’étais un branquignole», ose-t-il franchement.


"Je n'ai pas besoin que la France entière m'écoute"


Une tournée est d’ores et déjà prévue dans toute la France même si le retour en terre vosgienne n’est pas négociable. «Si on m’invite je suis prêt à aller partout », rit-il timidement. «Mais je n’ai pas besoin que la France entière m’écoute. Je veux juste être reconnu par ceux qui viennent à mes concerts.»

Jack avoue fuir Paris, où lui «et ses chansons ne se plaisent pas. En Province, il y a bien plus de monde, c’est plus humain. »




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Un homme de Lettres


Jack Simard a commencé la musique à 7 ans, en tant que clarinettiste. À l’âge de 16 ans, il troque l’instrument à vent pour les cordes d’une guitare. « Je voulais mettre mes poèmes en musique. Avec quatre ou cinq accords, c’était déjà possible ».


Quelques représentations plus tard, un ami lui fait prendre conscience qu’il peut très bien en vivre. Une idée invraisemblable pour l’étudiant nancéien en lettres étrangères appliquées qu’il était.


"Je n'ai pas l'impression de faire un métier"



Il revient dans les Vosges, rencontre les bonnes personnes « qui lui font confiance » et se forge peu à peu une renommée. « Je n’ai pas l’impression de faire un métier. C’est une passion, j’adore faire cela et je suis toujours aussi étonné que l’on puisse en vivre ». Il le martèle d’ailleurs plusieurs fois« Si je disparais, le monde continuera de tourner…  Et c’est assez dur à vivre».



Lorsqu’il écrit, c’est par période. « Ça m’habite. J’écris plusieurs chansons, des ressentis intemporels, des histoires sans fin, des ambiances. Je ne suis pas un littéraire, à l’école j’étais nul en français.»


Comme sa mère, anglaise d’origine, les tournures de phrases l’envoutent et les rythmes, les saccades du français l’animent. « Je pourrais écrire en anglais mais le message que je voudrais faire passer ne serait pas pareil. Je serai bridé, frustré. »


"Les Vosges, c'est paisible pour écrire"


Il trouve l’inspiration dans les films, les peintures, les personnes qu’il rencontre. « Je suis un cambrioleur d’idées ». Il peut écouter aussi bien du hip-hop que de la musique classique : « Sur laquelle on peut mettre ce que l’on veut.» Et avoue s’inspirer de la nature et des paysages.


D’où le bonheur d’être dans les Vosges : « Ici, c’est paisible, calme. J’ai besoin de cela pour écrire. Beaucoup de mes chansons font référence au naturel et à l’humain. »